Dans une salle modeste du centre de formation de Goma, une vingtaine d’enseignants et d’éducateurs se sont rassemblés autour d’un tableau blanc. Certains viennent de Goma, d’autres de villages reculés. Tous portent dans leurs yeux la fatigue d’années de travail dans des conditions difficiles, mais aussi une curiosité intacte : celle d’apprendre, de se perfectionner, d’offrir à leurs élèves ce qu’ils n’ont peut-être jamais reçu eux-mêmes.
Car enseigner ne suffit pas : il faut aussi apprendre à enseigner. Dans un monde où les réalités évoluent sans cesse – guerre, pauvreté, nouvelles technologies, bouleversements sociaux – la formation continue devient une nécessité vitale. Elle permet aux éducateurs de renforcer leurs compétences, de s’adapter aux besoins des enfants et de transformer l’école en un lieu vivant plutôt qu’en un simple rituel scolaire.
Les thématiques abordées lors de ces séminaires sont multiples et essentielles. On y parle de leadership, pour apprendre aux enseignants à devenir des guides, capables d’inspirer leurs élèves au-delà des manuels. On y aborde la gestion, afin de mieux administrer des classes souvent surchargées et de tirer le maximum de ressources limitées. On y explore aussi la pédagogie, pour développer des méthodes adaptées aux enfants vulnérables, traumatisés ou déplacés, afin que l’éducation devienne un outil de guérison autant que d’apprentissage.
« Avant, je pensais qu’enseigner, c’était seulement réciter un programme », confie Jacques, instituteur à Beni. « Après cette formation, j’ai compris que je dois d’abord écouter mes élèves, comprendre leur vécu. Aujourd’hui, ma classe n’est plus seulement un lieu d’examens : c’est un espace de dialogue. »
À côté de lui, Amina, jeune formatrice en couture, ajoute : « Grâce aux modules de leadership, j’ai appris à donner confiance à mes apprenantes. Elles se sentent désormais capables de créer, d’entreprendre. Moi-même, j’ai découvert que j’étais une leader, sans le savoir. »
Ces témoignages montrent que le renforcement des capacités n’est pas une formalité administrative, mais une révolution silencieuse dans la qualité de l’éducation. Chaque séminaire laisse une trace durable : des enseignants plus confiants, des pédagogies plus vivantes, des enfants mieux encadrés. Et derrière chaque formateur formé, ce sont des dizaines, parfois des centaines d’élèves qui bénéficient indirectement de ce savoir renouvelé.
Au bout du compte, investir dans ces formations, c’est investir dans la qualité de l’éducation elle-même. Car un enseignant formé n’offre pas seulement des cours : il ouvre des horizons, il transforme des vies. Dans un Congo où la guerre tente d’enseigner la haine, ces séminaires rappellent que la paix, elle aussi, s’apprend — et qu’elle commence dans les salles de classe.